La pandémie de COVID-19 est un signal d'alarme important qui rappelle que nous avons besoin d'une planète saine pour assurer la santé de tous. En parallèle, l'épidémie mondiale de maladies chroniques, également observable en France, nous confronte aux limites de notre système de santé et de nos modes de vie "modernes". Les crises sociales, environnementales, géopolitiques et sanitaires sont interconnectées.
Pourquoi la santé environnementale ? C’est la santé globale !
Les chiffres sont têtus :
- augmentation croissante des dépenses de santé
- déficit permanent
- explosion des maladies chroniques avec plus de 20 millions de patients atteints, la CNAM estime à 500?000 personnes vivantes de plus à traiter en 2023 (rapport 2020).
Il nous faut développer une vision globale, holistique, de la personne qui nous consulte. La santé, c’est le soin et la prévention. Cette prévention n’est pas seulement celle des attitudes individuelles (tabac, alcool, prises de risques …) c’est aussi celle des facteurs de risque environnementaux. Ceux-ci ont comme particularité d’être involontaires et subis. Ils sont mieux compris maintenant, grâce à la multitude d’études à notre disposition : qualité de l’air, perturbateurs endocriniens, pesticides, nanoparticules, sans oublier les liens santé avec le climat et la biodiversité…
Le coût de l’inaction n’est plus acceptable, le temps de l’action est arrivé.
En France, le coût de la pollution de l’air est estimé par le Sénat à plus de 100 milliards d’euros par an et entraîne, selon les études, de 48?000 à 96?000 décès par an. Tokyo en agissant de manière draconienne et collective sur la réduction du taux de particules fines (interdiction du diesel en ville en 2000) a réduit la mortalité cardiovasculaire de 11% et pulmonaire de 22%. Quel médicament fait mieux ?
Les produits chimiques de synthèse, comme les perturbateurs endocriniens (PE) et les pesticides - dont beaucoup ont une activité perturbatrice endocrinienne - sont aussi un problème majeur. Ils sont liés aux maladies métaboliques, cancers, troubles de fertilité, troubles cognitifs. Nous y sommes exposés quotidiennement dans les produits de consommation courante et l’alimentation. L’étude ESTEBAN confirme qu’adultes comme enfants sont tous contaminés aux PE (bisphénols, phtalates, retardateurs de flamme, etc…), pesticides et métaux lourds. Il faut agir sur les facteurs de risque pour limiter les expositions.
Comment penser que manger moins gras, salé et sucré, ne pas fumer ni boire, sont suffisants en termes de message sanitaire de prévention?? Les populations les plus en difficulté ont souvent un environnement dégradé et des difficultés à accéder aux actions préventives. Agir sur ces facteurs de risque aura des conséquences positives sanitaires, économiques mais aussi sociales.
Chaque produit est testé individuellement alors que les effets synergiques des dizaines de substances toxiques qui nous contaminent ne sont pas étudiés… Nous pouvons limiter notre exposition, mais pour cela il faut être informé et formé. Le professionnel de santé est un relais essentiel auprès des populations dont il a la confiance. Mais il n'est pas toujours en capacité de prodiguer les conseils utiles, en particulier dans les périodes de procréation et de l’enfance, périodes clés pour le futur sanitaire de l’enfant à naître, mais aussi pour toutes les périodes de la vie. Est-il acceptable qu’une femme atteinte d’un cancer du sein continue à absorber les produits chimiques aux effets oestrogéniques présents dans l’alimentation ou des produits de consommation à cause d’un manque d’information??
Quelques thématiques pour la formation des soignants
Face aux enjeux actuels dans le champ de la santé en général et de la santé environnementale en particulier, nous souhaitons proposer une formation, « sur mesure » ou « à la carte » des professionnels de santé en France sur ces sujets. Nous en avons identifié plusieurs :
- Pollution de l’air extérieur
- Pollution de l’air intérieur
- Perturbateurs endocriniens : périnatalité - risques chimiques émergents - 1000 premiers jours
- Dérèglement climatique, canicules, maladies infectieuses, vectorielles et autres maladies émergentes
- Eaux, risques chimique, microbiologique et pollution des milieux
- Risques sanitaires et écologiques des produits de santé (dont cosmétiques, dispositifs médicaux, médicaments)
- Démarche écoresponsable de l’activité professionnelle, sobriété carbone, écoprescription, déchets de soin.
- Éco-anxiété, ondes électro-magnétiques, radon, nucléaire civil et militaire…
Le temps d’agir ensemble
Un des objectifs : diffuser les messages et mettre à disposition les outils disponibles de prévention et promotion de la santé, pouvant être intégrés au sein des pratiques quotidiennes, afin de les partager efficacement aux patients.
Cette formation sur les facteurs de risque environnementaux est indispensable aujourd’hui, sera introduite dans le cycle des études de santé et l’est déjà en formation continue. Mais une prévention individuelle ne suffira pas et il faut des décisions collectives et publiques fortes d’informations ou parfois d’interdictions. Notre système de santé, ne survivra pas sans la prévention des facteurs de risques environnementaux. Il est temps d’agir ensemble.
Dr Christian Michel,
Formateur et concepteur fmc-ActioN